Le Grab (Groupe de recherche en agroécologie, association basé à Avignon) est une association fondée dans les années 1970 et consacrée à la recherche en agriculture biologique. Il conduit des projets de recherche fondamentale et d’expérimentation dans le but d’identifier des alternatives à l’agriculture conventionnelle. C’est dans ce cadre que l’association a remporté en 2015 l’appel à projets du ministère de l’agriculture pour favoriser le retour des auxiliaires de culture en alternatives aux intrants chimiques. Nous avons interrogé François Warlop, membre du GRAB et référent sur le projet MUSCARI, pour connaître les résultats du projet. Dire que le siège du GRAB est à Avignon ?

Le projet MUSCARI (2015-2018) avait pour objectif d'expérimenter des mélanges fleuries adaptés pour la création de bandes inter-rang en viticulture, arboriculture et maraîchage biologique. Le principe de la biodiversité fonctionnelle est de considérer qu’il est possible de remplacer les intrants habituellement utilisés en agriculture conventionnelle par des solutions fondées sur la nature. François Warlop explique que l’utilisation de végétaux locaux permet d’attirer les auxiliaires de cultures (pollinisateurs) mais aussi d’éviter les pollutions génétiques et d’éventuels transferts de maladies. Les espèces locales sont, a priori, celles qui s’adaptent le plus facilement et résistent le mieux aux conditions pédoclimatiques locales (climat et sol).

Le Grab s’est appuyé sur un réseau de semenciers pour obtenir le matériel nécessaire en amont du projet, puis sur un ensemble de structures de recherche ou de développement local afin d’expérimenter des mélanges herbacées sur différents types de culture et dans différentes régions de France (lycées horticoles/agricoles, chambres d’agriculture, INRAE, universités, etc.). Le projet a abouti en 2018 à la création d’un mélange de référence, MUSCARI, qui a pu être mis en vente par les semenciers partenaires du projet. François Warlop précise que les semenciers ont pu donner leur avis sur ce qu’il était réalisable de produire et ce qui ne l’était pas - le mélange final n’a pas subi de trop importantes modifications. Il se compose largement d’espèces référencées en végétal local, complétées par quelques espèces fourragères (non végétal local) faciles à produire et qui ont l’avantage de faire baisser le prix du mélange.

L’intérêt de ce projet était de créer un mélange qui puisse favoriser les auxiliaires de culture tout en restant accessible financièrement pour les agriculteurs. Sur le premier point, François Warlop précise que le retour des expérimentations est contrasté. Les bandes fleuries ne rendent pas toujours un service écosystémique évident à première vue: "l’effet sur les cultures n’est pas forcément observable". En conséquence, la démonstration - essentielle pour convaincre les agriculteurs - n’est pas évidente à faire. En effet, les auxiliaires ne colonisent pas forcément la culture à proximité de la bande fleurie et certains questionnements techniques restent en suspens : l’emplacement, la taille ou la forme de la bande fleurie, entre autres. Pour François Warlop, c'est le prix qui doit faire la différence car les agriculteurs n’ont pas une capacité financière très importante (le coût d’une bande fleurie est d’environ 300 euros/ha hors taxes). Le choix d’intégrer des espèces vivaces permet également de limiter les efforts des agriculteurs et de les inciter à opter pour le mélange. Par ailleurs, le retour des semenciers qui ont adopté le mélange et le commercialisent semble positif dans la mesure où ce dernier répond sans conteste à une demande des agriculteurs biologiques. D’autres projets de recherche similaires pourraient permettre de trouver des réponses aux questions soulevées par le projet MUSCARI et d’identifier une solution à moindre coût pour les agriculteurs soucieux de favoriser le retour de la biodiversité sur leurs exploitations.